Dans leur ouvrage Au commencement était…, traduit en français en novembre 2021 [1], David Wengrow et David Graeber proposent leur contre-analyse de l’histoire des sociétés humaines depuis les 10 derniers millénaires. Leur thèse, très ambitieuse, se fonde sur la chasse à certaines idées communément admises, selon lesquelles l’homme vivait à l’origine sous la forme de petits groupes de chasseurs-cueilleurs (très égalitaires selon certains chercheurs, inégalitaires selon d’autres). L’évolution des sociétés humaines aurait suivi une trajectoire très déterministe, depuis l’apparition de l’agriculture, qui aurait induit celle des villes et des administrations, jusqu’à enfin l’apparition puis la généralisation des États.
Les auteurs, à travers leurs travaux (croisant des sources archéologiques, paléontologiques, anthropologiques…), mettent au contraire en avant le caractère non linéaire de l’évolution des sociétés humaines, et leur extraordinaire diversité et inventivité au travers des âges. L’accès aux ressources matérielles se serait finalement avéré moins dé...