Bien que la France conserve un taux de chômage élevé (et un important sous-emploi), depuis plus de deux ans sont régulièrement dénoncées, dans des métiers fort différents, des pénuries de main-d’oeuvre. Arnaud du Crest commence par souligner cette situation paradoxale en expliquant que le marché du travail n’est pas parfait, que l’ajustement ne peut s’opérer de manière simple alors que les individus ne sont pas interchangeables.
Il dresse une typologie des difficultés d’ajustement selon qu’elles sont qualitatives ou quantitatives, conjoncturelles ou structurelles pour, fondamentalement, montrer qu’un grand nombre de situations de pénurie résultent de quelques problèmes fondamentaux qu’il examine ensuite plus systématiquement.
Le premier de ces problèmes tient à l’orientation scolaire des jeunes et à l’adéquation, au sens le plus large du terme (y compris les aspirations), entre la formation reçue et l’orientation professionnelle choisie. Le second concerne les rémunérations et conditions de travail mais aussi l’image plus ou moins dégradée qu’ont les métiers. Mais le fait est que, si nous souffrons d’un chômage paradoxal (caractérisé, dans un métier donné, par un chômage coexistant avec une pénurie de main-d’oeuvre), c’est aussi, souligne l’auteur, en raison du refus de certains d’occuper des emplois, soit que ceux-ci soient insuffisamment rémunérés, soit qu’ils soient considérés comme dégradants.
Pourquoi n’avons-nous pas fait plus de progrès dans la gestion de notre main-d’oeuvre et pourquoi le chômage apparemment incompressible augmente-t-il ? s’interroge alors Arnaud du Crest avant, enfin, d’examiner comment font les autres pays et comment les Français eux-mêmes pourraient remédier à cette pénurie. De toute évidence, il n’y a pas de solution simple, mais certaines mesures devraient être mises en oeuvre telles que la gestion prévisionnelle de l’emploi et des qualifications, et la revalorisation de certains métiers qui, quoique traditionnels, demeurent des métiers d’avenir…
Chômage paradoxal et difficultés de recrutement
Cet article fait partie de la revue Futuribles n° 254, juin 2000