On ne peut qu’être frappé par le regain de l’économie allemande, et notamment ses performances en matière d’exportation de produits industriels. François Michaux analyse ici quels sont les facteurs qui, à son avis, ont permis à ce pays d’améliorer sa compétitivité globale.
Au-delà de la délocalisation dans les pays de l’Est européen de certaines activités productives, les progrès réalisés par l’Allemagne pour améliorer sa compétitivité sur les marchés mondiaux tiennent, selon l’auteur, essentiellement à deux facteurs : d’une part, les négociations engagées autour du temps de travail, d’autre part l’allègement de la fiscalité pesant sur les entreprises.
Il montre en particulier dans cet article comment l’Allemagne, qui avait adopté comme la France les 35 heures (la première au travers de la négociation collective, la seconde par la voie législative), a été amenée à renégocier la durée du travail, au prix d’une baisse concertée des coûts salariaux et d’une remise en cause d’un certain nombre de droits acquis. Ce faisant, l’auteur montre les vertus d’une flexibilité obtenue grâce à des négociations intervenant à tous les niveaux qu’il estime infiniment plus efficaces que les interventions abruptes de l’État français s’appliquant indifféremment à toutes les activités.
Le second facteur qui a permis, selon François Michaux, d’améliorer la compétitivité de l’industrie allemande, tient à ce que les économistes appellent une » dévaluation compétitive » fiscale, qui s’appliquera entre 2007 et 2009, et concernera aussi bien l’introduction d’une TVA (taxe sur la valeur ajoutée) sociale limitée qu’une baisse de l’impôt sur les sociétés, ou une quasi-exonération pour l’industrie de l’impôt vert.
L’auteur illustre sa démonstration en s’appuyant essentiellement sur les négociations qui sont intervenues dans le secteur de l’automobile, tout en soulignant qu’elles ne sont pas spécifiques à cette branche et qu’elles ont également été adoptées dans les autres secteurs de l’économie allemande.
En publiant ce texte que d’aucuns jugeront assurément provocateur, nous formons l’espoir d’enclencher dans les colonnes de la revue Futuribles un débat sur les voies et moyens du nécessaire aggiornamento du modèle social européen.
Compétitivité : comment font les Allemands ?
Cet article fait partie de la revue Futuribles n° 328, mars 2007