La désacralisation des grandes institutions (famille, Eglise, patrie), le déclin des grandes idéologies, la disparition des repères traditionnels, l’absence de perspectives, voire une certaine « désespérance », ne formeraient-ils pas un terrain particulièrement favorable à l’essor des sectes, tout comme à celui des sciences occultes, antidote à l’angoisse croissante qu’éprouvent nos contemporains en cette ère de grande turbulence ?
Les statistiques font cruellement défaut pour prendre une juste mesure du phénomène et identifier quelle est précisément la tendance. Mais de nombreux indices nous donnent à penser que le désarroi actuel est particulièrement propice au développement de divers « réducteurs d’angoisse » parmi lesquels figurent en bonne place les sectes comme nombre de mouvements extrémistes. La démocratie et les droits de l’homme ne seraient-ils donc pas en danger, confrontés à une menace contre laquelle nous semblons particulièrement démunis ?
J.P. Morin décrit le jeu subtil des sectes et souligne combien il est difficile de le déjouer, voire tout simplement de permettre à leurs adeptes de s’en sortir.
Il montre en particulier combien la législation en l’espèce est d’application difficile et suggère finalement d’y introduire un nouveau concept : celui de « captation de consentement » destiné à protéger les victimes contre ce qu’il qualifie de « viol psychique ».
Contre le viol psychique. Les sectes et la loi
Cet article fait partie de la revue Futuribles n° 181, nov. 1993