Deux barbarismes permettent de souligner l’une des principales transformations de la question des sans-abri, en France et en Europe. Les sans-domicile fixe (SDF) sont bien plus souvent qu’auparavant des étrangers, parmi lesquels de très nombreux sans-papiers. La question SDF doit maintenant se saisir dans le contexte de la crise migratoire. La « migrantisation » du « sans-abrisme » est un phénomène européen, qui ne saurait se traiter valablement qu’à l’échelle européenne.
Ainsi, de plus en plus, les personnes sans abri sont sans-papiers : c’est ce que des experts réunis par la Fédération européenne des associations nationales travaillant avec les sans-abri (FEANTSA) ont baptisé « migrantisation » (en anglais) [1]. Cette dimension s’avère essentielle pour saisir les traits contemporains du « sans-abrisme ». Ce dernier terme, très utilisé à Bruxelles et dans les cercles experts, est une francisation assez judicieuse de homelessness.
La statistique sur les sans-abri n’est pas chose aisée. Des données existent cependant, et permettent de souligner des permanences et des évolutions. Parmi ces évolutions, ...