Les problèmes économiques et sociaux, notamment la montée du chômage dans les pays européens ne résultent pas seulement d’une conjoncture morose mais bien d’une restructuration de l’économie à l’échelle planétaire et d’une mondialisation du marché du travail.
La production, explique Didier Maillard, perd ses attaches territoriales, n’est plus liée à un lieu géographique donné où se réuniraient tous les facteurs de production. Au contraire, l’économie se mondialise – d’autant plus vite que les facteurs immatériels jouent un rôle déterminant et circulent aisément grâce à l’essor des technologies – et s’organise suivant une logique de réseau de plus en plus déconnectée du territoire. Cela se traduit par le fait que les entrepreneurs vont délocaliser leur production – ou telle partie de leur production – là où les conditions sont les plus favorables et en particulier délocaliser vers les pays où la main-d’oeuvre faiblement qualifiée est moins chère, les activités exigeant du personnel entrant dans cette catégorie.
En d’autres termes, dit l’auteur, il existe une mondialisation du marché de la main-d’oeuvre, et comme celle-ci est particulièrement abondante et ses coûts attractifs dans les pays du Sud, du moins pour les fonctions n’exigeant pas de haute qualification, la tendance est évidemment de délocaliser vers ces pays les activités exigeant une telle main-d’oeuvre au détriment du maintien des emplois faiblement qualifiés et trop coûteux dans les pays industrialisés qui, en revanche, tendent à conserver les activités exigeant de hautes qualifications qui sont d’ailleurs de mieux en mieux rémunérées. D’où le chômage croissant de la main-d’oeuvre faiblement qualifiée dans certains pays industrialisés et le creusement des inégalités de revenus.
En somme, l’auteur administre la preuve qu’il n’est guère possible d’échapper à cette mondialisation et que l’unique issue est d’investir dans la formation de sorte que puissent être développées, en Europe, les activités faisant appel à de hautes qualifications que ne détiendraient pas les concurrents.
Délocalisation et emploi. La mondialisation du marché du travail
Cet article fait partie de la revue Futuribles n° 180, oct. 1993