Les Français font, écrit Michel Godet, une fixation abusive sur les délocalisations hors du territoire national des entreprises industrielles. Ils ont bien tort : » Il y a moins désindustrialisation que mutations industrielles et internationalisation des activités « , celles-ci jouant au demeurant un rôle bénéfique sur l’emploi.
Que l’industrie améliore sa productivité est une bonne chose pour autant que l’on crée davantage d’activités dans les services, y compris les services aux entreprises qui permettront de contribuer à la nécessaire » tertiarisation » de l’économie française.
Le véritable problème de l’économie et de la société françaises ne réside ni dans la mondialisation ni dans la désindustrialisation. Il résulte du fait que, plutôt que stimuler l’initiative, l’on s’obstine à maintenir artificiellement en vie des entreprises non compétitives.
Il faut, proclame Michel Godet, d’abord aider les entreprises qui marchent à se développer encore plus et réveiller les projets dormants. Abandonner le mythe des grands projets et stimuler la création d’activités qui, à son tour, entraînera la création d’emplois. Il faut arrêter de rêver à une économie de la connaissance tirée par les grands programmes de recherche et développement, créer une nouvelle dynamique collective en maillant les compétences, les hommes, les organisations. Qu’ils cessent de se battre les uns contre les autres et créent ensemble une nouvelle dynamique collective.
En bref, conclut l’auteur, cessons de chercher à l’extérieur un bouc émissaire aux maux français et, identiquement, d’attendre de l’extérieur le salut de la France. Il passe avant tout par la modernisation de l’État et des réformes structurelles qui, seules, permettront de mobiliser efficacement les hommes pour la création de richesses.
Désindustrialisation ou modernisation ?
Cet article fait partie de la revue Futuribles n° 304, jan. 2005