Le problème des services publics en zone rurale revêt, à la lumière des explications de Jacques Salais, une acuité particulière en raison de la déréglementation prévisible des services publics.
Une chose est le statut, une autre est la fonction, rappelle d’abord Jacques Salais qui souligne que la dichotomie secteur public/secteur privé n’a déjà plus grand sens et que nombre d’entreprises privées assument de fait un service public.
Plus important que la propriété du capital, est le cahier des charges de ces entreprises investies de missions d’intérêt public – ou mieux, en charge de service universel – qui jouissaient jusqu’à prèsent de privilèges en échange de leurs servitudes.
Pour celles-ci, l’ouverture à la concurrence prévue par les accords européens sera lourde de conséquences puisque, privées de leurs rentes de situation (les zones denses), elles n’auront plus les mêmes capacités de financement pour assumer le même service universel en zones fragiles. D’autant qu’elles se trouveront durement concurrencées par des entreprises se spécialisant sur les segments de marché les plus rentables…
Quatre solutions sont dès lors envisagées par J. Salais : une réduction de l’offre, une dépéréquation tarifaire, la création d’entreprises locales multiservices ou le financement direct du service par l’État ou les collectivités locales…On le voit bien au travers de son propos, l’avenir des services publics en milieu rural dépendra avant tout du débat qui s’impose sur l’aménagement du territoire.
Économie des services publics dans l'espace rural
Cet article fait partie de la revue Futuribles n° 179, sept. 1993