L’Union européenne a adopté, en juillet 2007, un certain nombre de principes visant à harmoniser les statistiques européennes sur les flux migratoires. Malheureusement, de la théorie à la pratique, la route risque d’être longue, en raison des énormes différences existant entre les systèmes statistiques des États membres.
Michèle Tribalat montre ici, au travers de comparaisons effectuées entre divers pays européens (France, Pays-Bas, Suède, Danemark, Norvège), combien les méthodes et définitions utilisées pour mesurer les phénomènes migratoires, diffèrent et combien donc il est difficile d’effectuer de telles comparaisons, voire d’évaluer les effets démographiques de l’immigration étrangère.
Elle montre ainsi, dans un premier temps, que le solde migratoire tel qu’il est calculé en France n’est pas un bon indicateur et ne reflète pas les évolutions réelles. D’où l’intérêt d’aller plus loin en s’intéressant aux effets démographiques de l’immigration étrangère : apport de population direct mais aussi indirect (descendance) dans un pays. Et c’est sans conteste l’évaluation de cet apport qui risque de rendre très compliquée l’harmonisation statistique européenne : suivant les définitions retenues dans les différents pays étudiés, les générations peuvent être mélangées, la mobilité des nationaux non prise en compte (leurs enfants nés à l’étranger devenant d’origine étrangère !), le passé colonial omis, etc. Bref, pour mesurer efficacement et de manière similaire les phénomènes migratoires en Europe, il est impératif, avant toute chose, d’élaborer une définition précise de ce que l’on souhaite mesurer (et cet article offre un éclairage majeur en la matière), afin qu’ensuite les différents pays se donnent les moyens de la mesure (et là, la France aura fort à faire).
Effets démographiques de l'immigration étrangère. Éléments de comparaison européenne
Cet article fait partie de la revue Futuribles n° 343, juil.-août 2008