On peut se sentir esclave du dimanche parce que l’on consent beaucoup de sacrifices durant la semaine afin de jouir des plaisirs de ce jour tant attendu. A contrario, certains pensent que le dimanche est un jour vide ou ne recelant que des activités contraintes mortifières. D’autres se sentent esclaves du dimanche parce qu’ils travaillent alors même que la part la plus importante de la population se repose.
Ces appréciations renvoient pour certains à des conditions objectives, pour d’autres à des appréciations de nature subjectives. Il me semble que ce sont ces approches subjectives, sous-tendues bien souvent par une idéologie (que celle-ci se développe dans le champ de l’économique ou dans celui du social), qui structurent les débats sur l’ouverture des commerces le dimanche. Les partisans d’un assouplissement de la réglementation invoquent la liberté du consommateur, les opposants le respect de la vie familiale et la nécessité du maintien de rythmes collectifs. Je n’entrerai pas dans ce type débat, dans la mesure où, sur ces questions qui font référence à l’évolution des modes de vie et de consommation, à la transformation des valeurs qui structurent les comportements, il est difficile, en l’absence d’études approfondies, d’être rigoureux.
Esclave du dimanche
Cet article fait partie de la revue Futuribles n° 164, avr. 1992