Qu’est ce que la prospective ?
Qu’est-ce que « la prospective » ?
La prospective est une démarche de réflexion sur l’avenir et d’exploration des futurs possibles (les « futuribles »), qui vise à éclairer les décisions et les actions collectives en intégrant les enjeux du temps long.
Par extension, la prospective qualifie les pratiques professionnelles qui se sont développées autour de ces démarches (méthodes, outils, acteurs…).
Historiquement, l’adjectif « prospectif/ve » qualifie ce qui est tourné vers l’avenir : on parle ainsi de regard prospectif, d’un état d’esprit prospectif (Gaston Berger), d’une approche prospective des enjeux. La prospective était déjà connue à la Renaissance, au sens de « faculté de prévoir ».
La naissance et le développement de la prospective comme discipline sont liés à un besoin d’anticipation de la part de décideurs. La prospective s’est développée depuis les années 1930 dès lors qu’il est apparu nécessaire à certains acteurs d’appuyer des décisions qui engageaient durablement le futur sur des anticipations solides.
L’objectif est de connaître, de comprendre et d’anticiper, avant de décider et d’agir.
Aujourd’hui, on parle plus volontiers de la prospective comme démarche. Ce qui correspond à l’évolution de ses pratiques qui lient le travail d’anticipation, l’association des parties prenantes (citoyens, acteurs, experts…) et la préparation de l’action (politiques publiques, stratégie, innovation…).
La prospective comprend en effet une part de recherche, de réflexion ou d’étude sur le futur (future studies). Mais, elle va au-delà, puisque l’acception française du mot prospective comprend aussi l’orientation de ces études par leur finalité : l’aide à la décision en situation d’incertitude.
Il faut comprendre cette notion « d’aide à la décision » de façon large. Les démarches de prospective peuvent de façon classique permettre de préparer des options stratégiques possibles pour un décideur bien identifié (le PDG, le gouvernement, etc.) ; elles peuvent aussi, de façon beaucoup plus lâche, favoriser les changements de représentation d’un ensemble d’acteurs impliqués dans une même problématique et favoriser ainsi l’émergence de réponses adaptées.
Pour Jacques Lesourne, la prospective vise à « créer des vues communes (sur les enjeux présents et futurs), pour préparer la stratégie ». La démarche prospective produit du sens, dans la double acception de contenu (signification, compréhension commune, connaissance partagée) et d’orientation (ambition, vision pour l’action collective).
Ce qu’ils disent de la prospective
« Il n’est pas de vent favorable pour celui qui ne sait pas où il va »
Sénèque (an 63-64)
« Le hasard ne favorise que les esprits préparés »
Louis Pasteur, discours à l’université de Lille, 1854.
« L’avenir ne se prévoit pas, il se prépare »
Maurice Blondel, 1941.
« Pour ce qui est de l’avenir, il ne s’agit pas de le prévoir, mais de le rendre possible »
Antoine de Saint-Exupéry, Citadelle, 1948.
« Avant d’être une méthode ou une discipline, la prospective est une attitude » pour « voir loin, voir large, analyser en profondeur, prendre des risques, penser à l’homme »
Gaston Berger, Phénoménologie du temps et prospective, 1964.
« Le coup d’œil du prospectiviste oscille intentionnellement entre le possible et le souhaitable »
Gérald Antoine et Jean-Claude Passeron, La Réforme de l’Université, 1966.
« On peut se demander, devant tant de prospectivistes et de réformateurs qui s’évertuent à préparer le futur, s’ils ne s’y acharnent pas afin de déguiser leur impuissance à modifier tant soit peu le présent »
Georges Elgozy, Le Désordinateur, 1972.
« Éclairer l’action présente à la lumière des futurs possibles et souhaitables »
Michel Godet, La Prospective stratégique, 1997.
« Ni prophétie ni prévision, la prospective n’a pas pour objet de prédire l’avenir — de nous le dévoiler comme s’il s’agissait d’une chose déjà faite — mais de nous aider à le construire »
Hugues de Jouvenel, Invitation à la prospective, 2004.
« L’avenir est domaine de liberté, de pouvoir et de volonté. Il est à la fois territoire à explorer […] et territoire à construire »
Hugues de Jouvenel, Invitation à la prospective, 2004.