Dans un article sur « Les perspectives européennes », Robert Toulemon manifestait son inquiétude sur les atermoiements européens et avançait un certain nombre de propositions visant à doter l’Union européenne d’institutions habilitées à conduire une véritable politique commune.
Mais à quoi bon créer de telles institutions dès lors que l’Europe est sans âme, répond en substance Pierre Béhar dans un réquisitoire sans complaisance.
Les peuples européens se sont déjà dépossédés des moyens de leur propre défense, abandonnant à l’OTAN leur politique de sécurité et, du même coup, toute possibilité d’avoir une politique étrangère commune et indépendante.
Au sein même du continent, l’Union Européenne a manqué de générosité lorsqu’il eût été utile d’aider la Russie avant qu’elle ne s’enfonce dans la misère. Elle a identiquement manqué de courage au point de soutenir Boris Eltsine dans sa politique néo-impérialiste.
En Europe centrale, elle a impassiblement laissé se répandre une violence et une épuration ethniques que l’auteur compare aux horreurs nazies, excepté le fait qu’il n’y eut point d’appel de Bruxelles et que cette fois « la solution finale a été menée à bien ».
Face à ces événements gravissimes, l’Europe s’est repliée sur des objectifs dérisoires, à commencer par l’union monétaire qui, si elle se fait, consacrera la division du continent. Le pire n’est jamais sûr, mais il est urgent que cette Europe se ressaisisse et acquière une véritable dimension politique.
Faute d'une âme. Déficiences européennes
Cet article fait partie de la revue Futuribles n° 199, juin 1995