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Forum Convergences 2014 : Vers un monde équitable et durable

Du 8 au 10 septembre 2014, le Forum Mondial Convergences a rassemblé des acteurs du secteur privé, du secteur public, de l’économie sociale et solidaire et du grand public pour « co-construire le monde de demain ».

Durant les deux premiers jours, réservés aux professionnels, des panels de praticiens ont proposé leurs visions et leurs expériences sur divers thèmes tournant autour des trois piliers de réflexion proposés : consommation et production durable ; nouvelles pratiques du développement ; nouvelles technologies. Le dernier jour, le grand public était invité à assister gratuitement à des conférences thématiques plus larges (rôle de la société civile, transition énergétique, changement climatique, financement solidaire…).

Quelques tendances et recommandations ont été esquissées sur l’avenir du financement du développement. La part de l’aide publique au développement (APD) dans les budgets nationaux pourrait continuer à diminuer à cause de l’augmentation des dettes publiques des pays donateurs, tout en étant prodiguée à un nombre réduit d’États bénéficiaires (la Chine, le Brésil, la Turquie notamment cessant d’être éligibles). Pour faire face à la diminution des fonds publics, quatre pistes ont été évoquées :
– créer des « mélanges intelligents » de financement public-privé-société civile (Emmanuel Faber, nouveau PDG de Danone et co-auteur du tout récent « rapport Faber » [1], parle de « coalitions d’acteurs » regroupant entreprises, fondations, self-help groups, collectivités locales…) ;
– attribuer l’aide la plus avantageuse (subventions, prêts concessionnels) aux pays les plus pauvres et aux besoins les plus basiques ;
– utiliser toute la gamme d’outils de financement possibles : prêts, dons, garanties, fonds propres, conversion de la dette publique, assurances, incitations/prix… ;
– évaluer le rapport coûts / bénéfices et contrôler les résultats (monitoring).

La « convergence » entre les divers acteurs du financement (notamment publics et privés) achoppe sur la question du risque financier des projets solidaires. Les retours sur investissement y sont en effet souvent à long terme et incertains. Tandis que certains recommandent de « dérisquer » ces projets, sans quoi les entreprises n’y investissent pas, d’autres appellent au contraire à un « changement de mentalité » conduisant à internaliser le risque dans les calculs plutôt que de chercher à l’éviter.

Sur le thème des nouvelles technologies, des acteurs d’appartenances très différentes (OpenStreetMap, Commission européenne, Orange, Microsoft, CNIL [2], Fondation Mozilla…) ont pu dialoguer sur des questions comme le big data au service des territoires et du développement ou encore la régulation du numérique. Des problématiques communes ont émergé :
– Comment faire comprendre aux bénéficiaires l’utilité d’exploiter les masses de données ? Le big data, au fort potentiel d’aide au développement, est en effet un secteur extrêmement jeune.
– Quelles régulations mondiales et nationales du numérique ? « Les données privées ne sont pas forcément d’intérêt public », a rappelé Marie Georges, ancienne conseillère du président de la CNIL pour la prospective et le développement, expliquant que la régulation numérique, nécessaire pour éviter les dérives délinquantes ou policières, ne fonctionne cependant que sur dérogation ou limitation des principes universels fondant la liberté numérique.
– Quels modèles de gestion des données ? Le modèle prédominant actuellement est centralisé.

Là encore, la convergence entre acteurs est moins nette au sujet de la question de la propriété intellectuelle. Microsoft et d’autres (entrepreneurs, acteurs du logiciel libre et open source) évoquent l’émergence de l’innovation par écosystème, l’ouverture de la R&D à des amateurs permettant d’en enrichir les conclusions et d’essaimer en de multiples autres idées portées par d’autres acteurs. D’autres, comme Orange, invoquent un équilibre à trouver, selon les phases de développement d’un projet, entre protection commerciale, notamment pour les porteurs d’idées venus de pays déposant peu de brevets (Afrique), et ouverture des idées.

Des ateliers interactifs permettaient à de petits groupes de participants de répondre collectivement à des objectifs précis. Durant l’un de ces ateliers, une liste de six règles d’or concernant la gouvernance lors du changement d’échelle a été élaborée. Parmi celles-ci, la mise en place d’un organe permettant d’anticiper les risques grâce à des scénarios de risques possibles. Lors d’un autre atelier, les responsables du éveloppement durable de plusieurs grandes entreprises non concurrentes (Veolia, Unilever, Danone, Crédit Agricole) ont fait appel à l’intelligence collective des participants pour imaginer des projets solidaires qui mettent en complémentarité leurs savoir-faire et leurs ressources.


[1] Faber Emmanuel et Naidoo Jay, « Innover par la mobilisation des acteurs : 10 propositions pour une nouvelle approche de l’aide au développement », Paris : ministère des Affaires Etrangères et du Développement international, 2013, 315 p. URL : http://www.diplomatie.gouv.fr/fr/IMG/pdf/Faber_RapportComplet_FR_cle865fc1.pdf

[2] Commission nationale de l’informatique et des libertés.

#Économie internationale #Prospective #Tendances lourdes
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