Le contenu en emplois de la croissance économique française est particulièrement faible en comparaison des autres pays industrialisés. Arnaud Gérardin montre dans cet article que la situation s’améliore progressivement. Ainsi, dans les années 70, il fallait une augmentation d’au moins 2,6 % du PIB marchand pour qu’il y ait création nette d’emplois. Ce rythme est tombé à 2,2 % dans les années 80 et avoisinerait 1,2 % au cours des années 1990.
L’auteur s’attache ensuite à décrire quels sont les facteurs qui ont contribué à cette amélioration et quelle est l’influence respective de chacun d’eux :
– le premier élément est le développement des activités tertiaires, notamment parce que la productivité apparente du travail y est plus faible que dans l’industrie ;
– la montée en puissance du travail à temps partiel, particulièrement depuis 1992, serait le deuxième facteur ;
– la multiplication des emplois courts ou précaires (hausse des intérims, des contrats à durée déterminée, et des stages avec contrat de travail) est, selon l’auteur, le troisième élément ;
– enfin, les allégements des charges sociales instaurés notamment dans le cadre de la loi quinquennale, de même que la modération salariale, contribueraient fort utilement à cette amélioration.
Ainsi, selon Arnaud Gérardin, l’enrichissement de la croissance en emplois sur la dernière décennie s’explique pour 10 % par la déformation sectorielle de l’économie, pour 40 % par le développement du temps partiel, pour 20 ou 30 % par la multiplication des emplois courts ou précaires et pour 20 à 30 % par la politique d’allégement des charges sociales (en fin de période).
Il est important toutefois de noter que, le nombre de personnes ayant ou recherchant un emploi augmentant encore en moyenne de
140 000 par an en France (soit 1 % de l’emploi du secteur marchand), la croissance qui stabilise le chômage est supérieure à celle qui
stabilise l’emploi. Si 1,2 % de croissance environ serait aujourd’hui suffisant pour créer de l’emploi, 2,2 % seraient nécessaires pour stabiliser le chômage…
France : une croissance plus riche en emploi
Cet article fait partie de la revue Futuribles n° 243, juin 1999