Une vive controverse s’est engagée en France, depuis quelques années, simultanément sur :
– » le déclin français « , la désindustrialisation et le décrochage de son économie au regard de celle des autres pays industrialisés, singulièrement les États-Unis et les pays en développement rapide d’Asie ;
– les heurs et malheurs de la recherche française et, pis encore, les piètres performances du pays en matière de développement technologique et d’innovation.
Futuribles a grandement contribué à ce débat, y compris en publiant sur ces thèmes de nombreux articles dénonçant l’absence de politique de recherche et d’innovation adaptée, et avançant un certain nombre de propositions en la matière.
Le gouvernement français, conformément à une pratique désormais courante, a de son côté annoncé le vote prochain (et à plusieurs reprises reporté) d' » une loi d’orientation et de programmation de la recherche et de l’innovation » dont l’avant-projet, pour ce que l’on en connaît aujourd’hui, semble faire une grande place à la création d’une » agence nationale de la recherche « .
Simultanément, le président de la République a demandé à Jean-Louis Beffa, le président-directeur général éminemment respecté de Saint-Gobain, d’élaborer un premier rapport, rendu public le 15 janvier 2005 sous le titre Pour une nouvelle politique industrielle.
L’avant-projet de loi et, surtout, le rapport Beffa sont ici analysés par André-Yves Portnoff qui dénonce, une fois de plus, ce travers bien français qui consiste, au-delà de l’inflation législative et réglementaire, et de celle désormais des » agences « , à miser exclusivement sur des grands programmes d’État confiés à de grandes entreprises (d’État ?), procédure dont on a pu juger dans le passé, hormis dans quelques secteurs bien spécifiques, les limites ; plutôt que d’encourager les innovations promues à tous les niveaux par des entreprises souvent de plus petite taille, davantage en prise avec les techniques et marchés émergents.
Innovation : pour une nuit du 4 août ! À propos du rapport Beffa, Pour une nouvelle politique industrielle
Cet article fait partie de la revue Futuribles n° 306, mars 2005