Contrairement à une image véhiculée par la presse, les entreprises chinoises investissent encore peu dans les pays émergents [1]. En revanche, les banques d’État chinoises prêtent massivement à ces pays et leurs prêts financent la réalisation d’infrastructures (routes, ports, aéroports, etc.) qui sont construites par des entreprises chinoises. Ces banques prêtent davantage aux pays émergents que l’ensemble cumulé des banques de développement (Banque mondiale et banques régionales) et des bailleurs bilatéraux. Qu’est-ce qui explique l’essor de ces prêts ? Quels sont les pays les plus endettés auprès de la Chine ? Quelles sont les conséquences de cet endettement ?
Bien que le manque d’infrastructures soit une contrainte reconnue au développement, la part de l’aide internationale consacrée à la construction de routes, de ports ou à la production d’énergie a diminué à partir des années 1970 jusqu’en 2000. Les bailleurs ont jugé que ces projets relevaient plus des banques privées que de l’aide, et cette attitude a ouvert une porte aux financements chinois. Dès les années 1950, la Chine a commencé à aider des « pays frères », souvent plus riches qu’elle – pendant la Révolution culturelle, elle a ainsi financé et construit le Tazara, une ligne de chemin de fer de 1 600 kilomètres entre Dar es Salaam (Tanzanie) et Lusaka (Zambie). Après avoir diminué dans les années 1980 et 1990, les financements ont repris en 1999 (après l’adoption de la stratégie Go Out d’internationalisation) en changeant de nature – les crédits se sont substitués aux dons et prêts sans intérêts – et e...