En octobre dernier, Philippe Delalande s’interrogeait, dans ces colonnes, sur l’impact de la crise financière occidentale actuelle sur l’économie chinoise, indiquant que cette crise pourrait constituer in fine une opportunité pour la Chine de stabiliser son développement économique à un niveau » soutenable « . Ce mois-ci, Jean-Raphaël Chaponnière va au-delà et propose une analyse des conséquences à moyen et long terme des évolutions économiques récentes sur l’équilibre mondial et, plus particulièrement, sur le poids du continent asiatique, ainsi que des enjeux qui en découlent pour l’Europe.
Après un rappel des changements et perspectives démographiques en Asie, l’auteur montre que le basculement économique amorcé dans les années 1970 avec la montée en puissance du Japon et confirmé dans les années 1990 par le » miracle » des nouveaux pays industrialisés, est en passe de se confirmer malgré l’intermède de la crise de 1997. Ainsi, sauf scénario de » rupture de la mondialisation « , le coeur de l’économie mondiale pourrait bien s’implanter très durablement en Asie, avec pour moteur principal la demande interne (nationale ou régionale). Jean-Raphaël Chaponnière illustre son propos, chiffres à l’appui, en examinant les évolutions récentes et les perspectives des principaux pays asiatiques (Chine, Inde, Corée du Sud, Taiwan…). Il présente enfin les conséquences de ce basculement économique : concurrence en termes de coût et de qualité de la main-d’oeuvre, explosion du nombre de consommateurs (les classes moyennes) et aggravation de la situation environnementale (deux éléments sur lesquels l’Europe pourrait s’appuyer pour se repositionner), changements géopolitiques (l’influence croissante de la Chine et de l’Inde en Afrique), etc.
La crise et le basculement vers l'Asie : enjeux pour l'Europe
Cet article fait partie de la revue Futuribles n° 347, déc. 2008