La question de la logistique urbaine des marchandises, qui a été longtemps considérée comme secondaire, a été replacée au premier plan par la crise sanitaire. Depuis une dizaine d’années, plusieurs facteurs se conjuguaient déjà pour accroître les nuisances (pollutions, congestion) générées par la logistique urbaine : progression continue des achats en ligne, diversification des acteurs de la livraison, réduction des délais de livraison et donc multiplication des petits paquets, développement des petits magasins de centre-ville fonctionnant en flux tendus… La crise sanitaire, en accélérant ces mouvements, a joué le rôle de révélateur. Il paraît désormais évident que la maîtrise de la logistique va peser lourd, au cours des prochaines années, dans le fonctionnement et le contrôle des espaces urbains.
La logistique urbaine, un secteur stratégique à forte inertie
En France et en Europe de l’Ouest, la logistique urbaine représente 20 % des flux de véhicules et 30 % des pollutions en milieu urbain. Par ailleurs, le dernier kilomètre représente environ 30 % des coûts logistiques, qui représentent eux-mêmes 20 % du prix d’un produit [1]. En dépit de ces enjeux, elle a été, jusqu’à une période récente, considérée comme un angle mort des politiques urbaines, au point d’être souvent ignorée dans les documents d’urbanisme.
Les politiques locales se sont le plus souvent bornées à réduire les nuisances liées à la logistique (bruit, pollution, congestion aux heures de pointe), en évitant de pénaliser les commerces de centre-ville, déjà soumis à la concurrence des grandes surfaces et de l’e-commerce.
Pour résoudre cette équation, elles ont principalement limité la circulation des poids lourds dans certains secteurs urbains, interdit la circulation de véhicules polluants dans les zones à faible émission (ZFE) et encadré les livraisons dans certaines plages horaires. Ces mesures n’ont pas remis en cause un « système logistique en silos », qui laisse chaque fournisseur livrer ses clients, avec des camions plus ou moins remplis et des pratiques souvent peu orthodoxes comme le stationnement gên...
