Ce livre a pour base les travaux d’un séminaire qui s’est tenu pendant deux ans (2015-2017), à la Maison des sciences de l’homme, sur le lien entre philanthropie et capitalisme. Son titre, tout en questions, pose clairement le sujet et souhaite, comme le dit l’auteur, embrasser sa complexité. Il part d’un double constat : d’une part l’implication croissante des entreprises du secteur privé revendiquant d’être parties prenantes de l’intérêt général dans les problématiques sociales et environnementales, d’autre part la pénétration de la logique entrepreneuriale dans le monde humanitaire et la pratique des organisations non gouvernementales (ONG).
D’entrée, Marc Lévy, agronome et directeur de la prospective du Gret, situe le sujet dans la large perspective de l’évolution des conflits àl’échelle de la planète. Y a-t-il corrélation entre ces nouvelles formes de philanthropie et la géopolitique mondiale ?
Comme le notait déjà en 1994 Boutros-Ghali, alors secrétaire général de l’Organisation des Nations unies, « l’injustice sociale devient la cause principale des guerres ». Le rôle des inégalités, la décomposition sociale, ont été longtemps négligés dans la réflexion sur les relations internationales. Pourtant, la sécurité collective, indispensable aux entreprises, peut et doit se penser aussi en termes de solidarité mondiale, ce qui donne sens à la montée en puissance des nouvelles formes de philanthropie. Pour être acceptable, le nouveau régime de croissance do...