Nicole Morgan rappelle combien l’invention de Gutenberg fut critiquée : l’imprimerie, disait-on, mue par le profit, produira des éditions « hâtives et fautives », diffusera des textes immoraux échappant au contrôle des autorités ecclésiastiques et le savoir lui-même sera avili du fait de sa divulgation aux ignorants…
Tout en rendant compte de la polémique suscitée par cette invention, elle brosse un parallèle avec la polémique que suscite de nos jours l’essor de la communication électronique qui, aux yeux de ses détracteurs, méprisant l’art de la plume, y substituera un langage télégraphique, faisant fi du génie de chacun, uniformisera les esprits et au lieu d’informer, abêtira les gens…
Au passage, elle souligne cependant combien la diffusion de la pensée constitue une avancée essentielle et un enjeu en termes de pouvoir important. Elle nous rappelle notamment combien les progrès de l’édition et de la presse sont déterminants pour l’avancée de la démocratie.
La plume, le plomb et la puce
Cet article fait partie de la revue Futuribles n° 213, oct. 1996