Dès qu’il s’agit de population musulmane, les chiffres les plus fantaisistes ont droit de cité. Le crédit qui leur est accordé tient plus aux a priori qu’ils confirment qu’au sérieux avec lequel ils ont été établis. Ainsi, les données diffusées à partir de l’enquête téléphonique de la TNS-Sofres de 2007 auprès des 15 ans ou plus [1] plaisent beaucoup à ceux qui veulent à tout prix minimiser la présence musulmane en France : 3 % dont 32 % qui vont à la mosquée au moins une fois par mois, soit 500 000 musulmans pratiquants. C’est oublier que les enquêtes par quotas ne sont représentatives que des variables sélectionnées : niveau géographique, sexe, âge et un critère d’activité (dans l’enquête TNS-Sofres : actifs / inactifs) ; mais n’ont guère de chances de l’être sur d’autres variables telles que la religion. Par ailleurs, on peut être un musulman dévot sans jamais mettre les pieds dans une mosquée. Enfin, le sous-échantillon de musulmans est très petit : 144 musulmans, dont 46 se rendent à la mosquée une fois par mois ! L’enquête aléatoire « Trajectoires et origines » de fin 2008, de l’INED [2], paraît un bien meilleur outil, avec 5 051 musulmans, même si elle ne porte que sur les 18-50 ans et qu’elle nécessite quelques estimations pour les mineurs et les per...