Jean-Jacques Salomon montre d’abord ici que le séquençage du génome humain, loin d’être une entreprise de bienfaisance universelle, fait l’objet d’une âpre compétition notamment entre le secteur public et le secteur privé, que la cartographie renvoie au territoire et le territoire au pouvoir…
Ainsi, pose-t-il fondamentalement la question de savoir si le génome humain fait partie du patrimoine commun de l’humanité (constitue un bien public) ou peut faire l’objet, comme cela est déjà le cas aujourd’hui, d’appropriation privée et donc d’un commerce tôt ou tard inéluctable.
L’auteur souligne ensuite que l’on ne saurait parler du génome humain comme s’il était identique et commun à tous les hommes, le génome de l’homme universel, le génome moyen. Tout au contraire, comme le remarque Richard Horton (de la revue médicale The Lancet), » l’intérêt pratique du génome humain réside non pas tant dans la séquence elle-même que dans les variations génétiques qui existent entre individus « .
Enfin, s’insurgeant contre toutes les formes de déterminisme génétique, Jean-Jacques Salomon rappelle que les individus ne sont pas constitués que de gènes les prédéterminant totalement, mais qu’ils sont le produit aussi d’un environnement social et culturel et que toute explication de leur comportement par des facteurs strictement physico-chimiques serait aberrante.
La quête du Graal et du génome humain
Cet article fait partie de la revue Futuribles n° 266, juil.-août 2001