Depuis que le Parti libéral-démocrate a perdu le monopole du pouvoir en 1993, le système politique japonais est en pleine recomposition sous l’effet conjugué de facteurs internes (rivalités de pouvoir, sclérose de l’administration, poids des corporatismes, corruption, émergence de nouvelles demandes sociales et volatilité de l’électorat…) et externes (mondialisation et déréglementation économiques, émergence de nouveaux enjeux mondiaux et régionaux).
Jean-Marie Bouissou s’interroge ici sur la capacité de ce système à s’adapter et décrit deux types d’enchaînements diamétralement opposés. Le premier (« cercle vertueux ») marqué par une réforme des partis et du mode de scrutin, permettrait l’émergence d’un pouvoir et d’un leadership mieux assurés, imposant son autorité à l’administration et aux lobbies, en même temps qu’assorti de contre-pouvoirs permettant de conforter la démocratie. Le second (« cercle vicieux ») serait au contraire marqué par l’absence de majorité solide et de programme précis (« des programmes fourre-tout »), l’inconstance et le cynisme de l’électorat, l’ingouvernabilité croissante du pays.
Dépassant cette simple opposition, l’auteur finalement esquisse six scénarios pour l’avenir politique du Japon. Il montre ainsi que l’édification d’une grande coalition puissante et durable est, comme une évolution « à l’italienne », peu probable et que l’établissement de gouvernements de coalition est plus vraisemblable. Enfin que le renforcement de l’exécutif passera par une transformation des relations entre le centre et la périphérie, entre l’État et la société civile.
La recomposition politique. Plus d'État, moins d'État ou pas d'État
Cet article fait partie de la revue Futuribles n° 216, jan. 1997