Jean-Jacques Salomon tire ici pour Futuribles les enseignements d’un récent rapport remis au Pentagone par un groupe d’experts concernant la frappe stratégique du futur. La frappe stratégique, c’est la capacité à agir militairement sur un adversaire, de manière suffisamment efficace et anticipée pour altérer sa capacité d’opposition hors même du seul champ de bataille. Les frappes cherchant à éliminer physiquement Saddam Hussein dans les premières heures de la guerre d’Irak en 2003 appartenaient à cet univers.
Jean-Jacques Salomon montre à quel point ce travail de vision à long terme est, comme souvent, marqué par les nécessités du jour (comme l’effort demandé sur le renseignement » humain « ) et les doctrines dominantes au sein de l’administration Bush en fonction d’une guerre préemptive ou préventive.
Ce document contient deux véritables innovations. La première concerne une recommandation donnant une première réalité à un projet devant permettre aux États-Unis de frapper rapidement n’importe quel point du globe depuis leur territoire national avec des missiles intercontinentaux porteurs d’armes non nucléaires, ce que l’U.S. Air Force développe dans le cadre du concept de FALCON (Force Application and Launch from the Continental U.S.). La seconde innovation concerne l’usage de bombes nucléaires de petite taille chargées de la destruction d’objectifs » durcis » souterrains. Ce dernier point soulève de grandes interrogations quant à la fin des accords de réduction des armes nucléaires et donc quant au risque d’une prolifération accrue.
La stratégie du Pentagone en 2050
Cet article fait partie de la revue Futuribles n° 300, sept. 2004