L’écologie, longtemps tenue pour mineure, considérée comme une philosophie radicalement contestataire vis-à-vis de la société de consommation hier florissante, bénéficie désormais d’une large reconnaissance, voire d’une étrange récupération tant politique qu’économique.
Plusieurs raisons, selon l’auteur, expliquent ce phénomène :
– le fait que les dangers dénoncés par les écologistes depuis bien longtemps ont depuis lors acquis, grâce à la recherche scientifique, une crédibilité nouvelle telle qu’ils s’imposent aux politiques ;
– le fait que l’écologie, longtemps considérée comme l’ennemi de l’économie, désormais rime avec elle et que la protection de l’environnement finalement apparaît comme un formidable facteur de croissance et de compétitivité, voire comme un instrument subtile de régulation dans les échanges internationaux ;
– l’importance du vote écologique, manifestation pour une large part de la défiance des citoyens vis-à-vis des partis traditionnels et du vide idéologique actuel ;
– le changement d’échelle des problèmes d’une nouvelle solidarité planétaire qui ne saurait être recherchée sans que soit simultanément posé le problème plus général des stratégies de développement et de la coopération internationale.
Cette prise en compte croissante de l’écologie, loin de n’être qu’un épiphénomène, constitue selon A. Comolet, assurément une tendance lourde. Reste à savoir si elle sera (si elle peut être) porteuse d’un nouveau projet de société ou si elle fera simplement (mais ce n’est pas négligeable) l’objet d’une récupération magistrale par le capitalisme qui ferait preuve en la matière d’une remarquable capacité d’adaptation.
Le renouveau écologique. De l'éco-utopie à l'éco-capitalisme
Cet article fait partie de la revue Futuribles n° 157, sept. 1991