C’est 10 ans après la fin de la guerre froide, nous dit Pierre Bonnaure, que Bill Clinton décide de faire resurgir, aux États-Unis, le dossier de la défense antimissile, soucieux de rassurer l’opinion publique contre les menaces éventuelles d' » États voyous « . Certes, le président américain vient, à la veille de la fin de son mandat, de renvoyer la décision à plus tard, mais la question reste ouverte.
Réactualiser la stratégie de dissuasion nucléaire, revoir les différents traités qui définissent les règles du jeu, cela risque de déstabiliser les acteurs, signataires ou non, et d’avoir des effets pervers : abus de puissance, renforcements de programmes nucléaires, reprise de la course aux armements, remise en question des alliances traditionnelles et du rôle de l’Otan (Organisation du traité de l’Atlantique Nord), sans parler d’apocalypse nucléaire.
Créer un nouveau parapluie de protection et de dissuasion, limité aux États-Unis ou étendu à ses alliés, c’est remettre en question les politiques de défense et de non-prolifération nucléaire, au risque d’inciter la Russie à adopter une posture de fermeté et d’ébranler le fragile édifice de la sécurité mondiale.
Comment prévenir la prolifération et l’emploi des armes de destruction massive ? Tel est le lourd dossier que laisse Bill Clinton à son successeur.
Le retour de la guerre des étoiles
Cet article fait partie de la revue Futuribles n° 258, nov. 2000