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Le service civique, miroir des aspirations des jeunes ?

Créé en 2010, le service civique est un engagement volontaire au service de l’intérêt général destiné aux Français âgés de 16 à 25 ans. Il a pour objectif de « renforcer la cohésion nationale et la mixité sociale ». Concrètement, il permet à des jeunes de réaliser une mission de 6 à 12 mois dans un organisme sans but lucratif, un service de l’État ou une collectivité.

En 2016, 92 000 jeunes ont eu recours au service civique, contre 52 000 en 2015 et 6 000 en 2010, année de création du dispositif [1]. De plus, cette même année 2016, 230 000 jeunes n’ont pas pu effectuer de mission faute de place dans les 9 200 organismes agréés. L’Agence en charge du service civique souhaite que 150 000 volontaires bénéficient de ce service en 2017, sachant que l’objectif d’universalité du dispositif est désormais inscrit dans la loi.

Pour mieux comprendre les motivations de ces jeunes volontaires et les enseignements à tirer de cet engouement, Futuribles a interrogé Yannick Blanc, président de l’Agence du service civique.

Dans quelle mesure l’intérêt des jeunes pour le service civique est-il révélateur de leur volonté de s’engager pour des causes collectives ?

Yannick Blanc : « Par-delà la diversité des profils et des parcours individuels, une motivation commune ressort dans les discours des jeunes qui effectuent ou ont effectué un service civique, c’est la recherche de sens. Et ce sens, pour les jeunes générations, consiste à articuler un destin singulier d’individu avec le sentiment d’une utilité pour la société. Cette attente très forte peut s’expliquer par le fait que les trajectoires de vie ne sont plus dictées aussi puissamment qu’avant par des appartenances héritées à des communautés. Désormais, construire son identité et son parcours personnels consiste moins à l’inscrire dans une identité collective qu’à trouver une cause permettant d’incarner ses préférences individuelles.

« Les profils des jeunes en service civique sont relativement représentatifs de la population (même si les peu qualifiés sont un peu surreprésentés), ce qui semble indiquer que cette recherche de sens concerne toutes les catégories sociales, même si elle peut bien sûr s’incarner différemment selon les individus. »

Au-delà de ces aspirations, le service civique ne va-t-il pas devenir le nouveau stage, ou la nouvelle voie d’entrée sur le marché du travail ?

Y.B. : « Le service civique est très différent du stage, puisque le jeune est volontaire, il n’est pas recruté d’après ses compétences et pourra être très autonome dans sa mission. Pour les jeunes, le service civique contribue à développer l’idée d’un engagement réciproque. C’est l’occasion pour eux d’expérimenter une capacité d’action et de responsabilité qui est souvent inédite pour eux, tout en renforçant leurs compétences sociales (respect des règles et des autres).

« De fait, le service civique est moins un palier d’accès à l’emploi que la nouvelle figure de l’orientation, ce qui s’incarne dans trois profils types de jeunes : 1) des individus en situation d’échec, pour qui le service civique offre une occasion de faire le point ; 2) des jeunes qui ont choisi une formation ou un projet professionnel et qui souhaitent mener une mission dans ce domaine pour vérifier qu’ils ne se sont pas trompés ; et 3) des jeunes diplômés qui veulent faire une pause dans leur parcours.

« Le service civique apparaît donc avant tout comme une aide à l’orientation des jeunes dans leur parcours professionnel. Cependant, l’enjeu pour les prochaines années sera aussi de mieux le valoriser comme une première expérience professionnelle, devenue indispensable pour décrocher un emploi. Cela supposera notamment de systématiser le bilan de compétences à la fin de la mission.

« D’ici 2020, la France deviendra sans doute le premier pays européen en termes d’engagement des jeunes. Il s’agit donc d’une vraie mutation de la manière de faire entrer les jeunes dans la société, qui supposera de repenser les trajectoires professionnelles et les réponses apportées à leurs attentes. »

Propos recueillis par Cécile Désaunay



[1] Voir Rapport d’activité 2016. Agence du service civique, Paris : Agence du service civique, juillet 2017. URL : http://www.service-civique.gouv.fr/uploads/content/files/572b09c8bfb688051d6a5f4a88c53e01b8320600.pdf. Consulté le 15 juillet 2017.

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