Le système de crédit social développé actuellement par l’État chinois est un vaste projet d’ingénierie sociale visant à évaluer et noter les citoyens dans le but d’améliorer le niveau de confiance global de la société chinoise. Il part du présupposé radical que l’État est en mesure d’agir sur le niveau de vertu de chacun des citoyens. Inspiré en son origine, dans les années 1990, des dispositifs de scoring des agences de notation occidentales visant à évaluer les capacités de remboursement des acteurs économiques, il est devenu, dans la Chine de Xi Jinping, tout autre chose : un instrument étatique de gouvernance et de surveillance avec des caractéristiques chinoises. Il est symptomatique de l’extension du domaine du mesurable propre au monde moderne et puissamment informé par l’idiosyncrasie sociopolitique chinoise, rappelant les systèmes de surveillance sophistiqués mis en place par l’Empire il y a déjà plusieurs siècles.
Le système de crédit social n’est pas limité aux individus. Il concerne aussi les personnes morales. Depuis l’ouverture économique de la Chine au monde à la fin des années 1970, puis l’explosion des investissements étrangers en Chine ...