De plus en plus de personnes âgées quittent leur activité professionnelle de plus en plus tôt, vivant de plus en plus longtemps, de surcroît en bonne santé, disposant de temps libre et de revenus confortables : voici les seniors (50 ans et plus) soudainement érigés en cible privilégiée du marketing dont quelques experts, se fondant sur la seule croissance de leur nombre, vantent le prodigieux marché que représentera demain cette catégorie d’âge.
Il faut se méfier toutefois des simplifications trop rapides : les seniors ne constituent pas une catégorie homogène, ne fut-ce que parce que se cotoient, en leur sein, trois générations dont les valeurs et les comportements diffèrent et qui, par exemple, en termes de demande touristique, expriment des besoins différents.
Quant à l’avenir, avant d’extrapoler à partir des seules projections démographiques, encore faudrait-il tenir compte des facteurs de discontinuités tenant, d’une part à l’évolution de l’environnement socio-économique, d’autre part au changement d’aspirations et d’attitudes résultant du renouvellement des générations.
Marie-Christine Kovacshazy livre ici quelques réflexions percutantes sur ces facteurs de discontinuités pouvant jouer un rôle frein ou moteur vis-à-vis du marché touristique des seniors qu’elle juge beaucoup plus aléatoire – par exemple en raison de l’incertitude qui plane sur l’avenir de leurs revenus – que ne laissent pener les tenants du « senior marketing ». En montrant, dans ce domaine particulier du tourisme, l’ampleur des incertitudes qui subsistent sur l’avenir des modes de vie des seniors (et l’hétérogénéité de cette population), elle apporte un premier éclairage su le vieillissement et ses conséquences écvonomiques et sociales.
H.J.
Le tourisme des seniors en 2010
Cet article fait partie de la revue Futuribles n° 233, juil.-août 1998