Alors que la France consacre plus de 6 % de son produit intérieur brut aux dépenses d’éducation (en 2009), les comparaisons internationales laissent penser que les performances du système éducatif français ne sont pas forcément à la hauteur de l’investissement. C’est que le modèle éducatif tel qu’il a été mis en place en France à la fin du XIXe siècle, et qui perdure depuis, n’est peut-être plus en adéquation avec les exigences du XXIe siècle.
Comme le montre ici Daniel Gouadain, l’élitisme républicain reposant sur le principe de l’égalité des chances pour tous n’entraîne pas, loin s’en faut, l’égalité ni l’homogénéité des résultats en fin de parcours scolaire. Au contraire, tel qu’il est actuellement conçu, le système français n’est pas en mesure de donner à tous les élèves français les moyens d’acquérir le fameux « socle commun de connaissances et de compétences » si souvent mis en avant par les décideurs publics. Et si une réforme radicale est difficilement envisageable à court terme compte tenu des nombreux intervenants et du poids du passé dans le système éducatif français, des mesures graduelles visant à réorganiser l’École pour répondre aux défis sociaux et pédagogiques d’aujourd’hui, et a fortiori de demain, sont sans aucun doute possibles.
L’auteur en propose ici quelques esquisses, insistant notamment sur l’importance de l’enseignement secondaire et du recrutement des enseignants, et soulignant surtout la nécessité d’une véritable mixité de niveaux dans les classes françaises pour sortir du cercle vicieux consistant à très bien former une élite minoritaire, aux dépens d’une stagnation ou d’une dégradation du niveau de la grande majorité. Et pour y parvenir, il va falloir prendre le risque d’introduire de la liberté dans le système éducatif français, tout en prenant garde à ne pas sacrifier les autres idéaux de l’École sur l’autel des lois du marché.
L’école au risque de la liberté
Cet article fait partie de la revue Futuribles n° 380, déc. 2011