L’Union européenne a décidé d’ouvrir le secteur de l’électricité à la concurrence et la dernière étape sera franchie en juillet 2007 en France. Mais la concurrence, qui est supposée entraîner une baisse des prix et une amélioration de la qualité des services, risque en l’espèce de n’entraîner aucun de ces bienfaits, affirme ici le président d’honneur d’Électricité de France (EDF).
D’abord, parce que les prix d’EDF étaient déjà très en-deçà des autres prix en vigueur en Europe grâce à la gestion très rigoureuse qui a été celle de l’entreprise depuis toujours, ce facteur jouant bien plus que celui tenant à la rente dont EDF bénéficierait, aux yeux de certains, en raison de son parc nucléaire. Ensuite, parce que la concurrence inévitablement rencontre des limites en raison, par exemple, des » monopoles naturels » que constituent les réseaux.
Finalement, Marcel Boiteux, en s’appuyant sur l’expérience d’EDF, nous met en garde contre la foi trop aveugle accordée en l’espèce au libéralisme par les autorités de Bruxelles. Il montre, en effet ici, exemples à l’appui, combien il est naïf d’imaginer qu’en tout domaine l’optimum est spontanément atteint par l’économie pure de marché. Au passage, au demeurant, il s’explique sur le choix nucléaire fait par la France, les investissements consentis en la matière, rappelant que si EDF a bénéficié d’un certain soutien financier de l’État, la réciproque fut bien plus importante.
Les ambiguïtés de la concurrence. Électricité de France et la libéralisation du marché de l'électricité
Cet article fait partie de la revue Futuribles n° 331, juin 2007