L’invasion russe de l’Ukraine le rappelle sans équivoque : les conflits conventionnels d’ampleur et de haute intensité n’appartiennent plus à l’Histoire. Cette guerre agit comme un électrochoc pour les démocraties occidentales qui voient la ruine, les cohortes de réfugiés, les combats se rapprocher de leurs frontières orientales. De nombreux dirigeants européens ont très rapidement annoncé un renforcement de leur effort de défense. Il apparaît donc utile de faire un point sur les budgets de défense et d’évaluer la tendance vers laquelle ils s’orientent.
L’évaluation de ces budgets est un exercice particulièrement complexe. Le périmètre des éléments à prendre en compte varie énormément d’un pays à l’autre. Ainsi, le budget français prend-il en considération les pensions et retraites des militaires, ce qui n’est pas le cas dans d’autres pays. Certains États incluent la R&D dans leur budget de défense, même lorsque celle-ci est du ressort d’un autre ministère. Pour tenter de pallier cette difficulté, l’utilisation d’une même source est privilégiée dans cette note. Bien qu’imparfaite, la base de données du SIPRI (Stockholm International Peace Research Institute) a le mérite de se fonder sur une analyse systématique rigoureuse, en utilisant le même périmètre pour chaque pays. Cette base fournit à la fois les budgets bruts en dollars US constants, qui indiquent les montants dépensés, mais aussi la part du produit intérieur brut (PIB) consacrée à la défense. Ce dernier élément est probablement le plus utile car il reflète l’effort général qu’un État consent pour sa défense ; sa variation sur plusieurs décennies indique par ailleurs les facteurs qui influent sur cet effort de défense, ce qui p...
