Le Premier ministre français E. Balladur a constitué, en mai 1993, un groupe de réflexion ayant pour mission d’examiner quels étaient en France les obstacles à l’emploi et de proposer « les réformes et les remèdes » qu’il conviendrait d’adopter.
Alors que le groupe, placé sous la présidence de Jean Mattéoli, remettait en septembre ses recommandations au gouvernement, M. Godet, « obsédé par l’idée que les idées proposées ne sont pas à la hauteur du défi », expose ici son point de vue sur le diagnostic et les propositions.
Indiquant tout d’abord qu’il n’existe aucune explication univoque du chômage, il souligne combien il eût été utile que le groupe s’accorde sur un diagnostic plus précis, puis qu’il ait le courage d’en tirer les conséquences logiques, que ce soit par exemple pour mettre fin « au consensus implicite sur le chômage entre l’État, le patronat et les syndicats » ou pour remettre en cause plus radicalement la législation sur le salaire minimum (qu’il propose de remplacer par un revenu minimum) qui, à ses yeux, « est forcément créateur de chômage dès lors que le prix international du travail non-qualifié ne peut que baisser ».
Michel Godet dénonce ensuite ce qu’il qualifie d’illusions sur la croissance – les conditions n’étant point réunies pour qu’intervienne une reprise forte et durable – sur l’emploi qui n’augmentera guère que dans les services marchands non-qualifiés et sur la formation massive de diplômés voués au chômage alors que la société française manquera de « professionnels qualifiés ».
En bref, explique l’auteur, nous entretenons des mythes collectifs dont les effets pervers au plan économique et social sont pourtant déjà considérables (chômage et exclusion sociale). Pour sortir de l’impasse, des mesures autrement plus radicales doivent être adoptées qu’il formule en 28 propositions « complémentaires et alternatives ».
Les obstacles structurels à l'emploi. Analyses et propositions oubliées
Cet article fait partie de la revue Futuribles n° 180, oct. 1993