Déjà, en 2004, dans un livre éponyme, Bertrand Badie alertait sur l’impuissance de la puissance [1]. Face à l’émergence de nouvelles formes de violence, mais aussi à l’affirmation des sociétés dans le jeu international, les ressources traditionnelles de la puissance ne suffisent plus pour peser sur les événements, ni pour contrer les menaces devenues globales sous l’effet de la mondialisation.
Pourtant, force est de constater qu’une « addiction à la géopolitique » empêche les États de prendre la mesure des nouvelles insécurités alimentaires, sanitaires ou environnementales, et d’adapter en conséquence leur rapport au monde. Certes, le discours progresse depuis que les pays émergents, très tôt cibles et acteurs de ces insécurités, ont engagé une croisade en faveur du développement. Mais les États, jaloux de leur rang et de leur souveraineté, continuent d’envisager le système international comme un garant de l’équilibre des puissances.
Pourquoi un tel conservatisme, alors que la gestion des risques planétaires est de toute évidence inadéquate ? Comment s’extraire d’une vision désuète de la sécurité pour faire face aux nouvelles menaces globales ? En s’inspirant des nouvelles « puissances mondialisées », suggère l’auteur, dont l’...