L'Europe à l'heure britannique. L'euro et la défense au coeur des " scénarios 2012 "

Le débat actuel sur l’Europe est excessivement, sinon exclusivement, axé sur l’euro et les critères de convergence de Maastricht. Or, soulignent Albert Bressand et Emmanuelle Maincent, les enjeux majeurs sont plus vastes ; ils se situent également dans la capacité de l’Europe à adopter une politique économique et une politique étrangère et de défense commune. Et, vu sous cet angle, le Royaume-Uni pourrait bien jouer un rôle moteur, d’une part parce qu’il est plus avancé que les pays du continent dans la prise en compte de la globalisation, d’autre part en raison de l’axe franco-britannique en matière de défense.
Les auteurs présentent cinq scénarios pour l’Europe à l’horizon 2012 qui sont construits à partir de deux axes principaux : le degré d’intégration économique et le degré « d’européanisation » de la défense qui sont, tous les deux, appréhendés sous l’angle de la gouvernance européenne.
À partir de cinq hypothèses contrastées sur l’intégration économique et de trois hypothèses sur la politique étrangère et de défense, ils présentent :
– deux scénarios extrêmes, celui de la non-Europe et celui des États unis d’Europe ;
– trois scénarios hybrides : un scénario qui, contre toute attente, verrait s’instaurer la Politique étrangère et de sécurité commune (PESC) et non l’euro, l’autre l’euro sans la PESC et le troisième qui serait marqué par des Europe différenciées.
Le Royaume-Uni peut, selon les auteurs, jouer un rôle majeur dans cette logique de gouvernance en matière politique et économique. Au plan économique parce que, aux conceptions franco-allemandes, il oppose un pragmatisme qui a fait ses preuves particulièrement en s’appuyant sur la logique du marché. En matière politique, parce que les Britanniques, outre le fait qu’ils incarnent la démocratie avancée, ont une vision à long terme de l’Europe que n’ont guère les pays continentaux.
Véritable message de bienvenue à Tony Blair, cet article fournit d’utiles éléments pour dépasser le débat purement technique sur l’adoption de l’euro.