Forte de 28 États membres, l’Union européenne compte aujourd’hui plus de 500 millions d’habitants. À défaut d’être un ensemble politique fédéral et solidaire à tous égards, elle constitue une communauté économique et sociale avancée, dont l’intégration s’est renforcée au fil du temps, grâce à l’action des pays fondateurs longtemps qualifiés d’« avant-garde » de l’Europe. Si ces pays (à commencer par la France et l’Allemagne) connaissent un certain essoufflement de leur allant européen, ils demeurent néanmoins moteurs, surtout si on les compare à la dizaine de pays européens membres de l’Union ou hésitant à l’intégrer, pour la plupart issus de l’AELE (l’Association européenne de libre-échange).
Ces derniers (notamment les pays nordiques, la Suisse, l’Islande, l’Irlande, le Royaume-Uni) font pour le coup figure d’«?arrière-garde », comme le montre Jean-François Drevet dans cette tribune. Motivés par les avantages que pourrait leur procurer l’Union dans certains domaines, ils sont réticents à accepter les contreparties, notamment économiques, qui accompagnent la solidarité communautaire, ou à renoncer à leur neutralité internationale. Pourtant, dans un monde en crise économique et en proie à des reconfigurations politiques et sécuritaires inquiétantes, y compris sur le sol européen, l’Union européenne constitue un ensemble porteur de sens et de sécurité, dont le poids autorise à penser qu’il peut faire entendre la voix de ses membres à l’échelle mondiale. Voilà qui pourrait faire évoluer les positions de cette arrière-garde, comme l’indique cette tribune.