Alors que la vocation même de la science et de la technologie est d’aller toujours plus loin, l’ampleur des risques liés à leur essor fait apparaître la nécessité d’y opposer des limites, de maîtriser cette quête éperdue de savoir et de puissance. Mais une telle régulation ne saurait être laissée aux soins des experts, elle doit, insiste J.-J. Salomon, être confiée au public et notamment aux instances parlementaires.
Longtemps, explique l’auteur, les développements de la science et de la technologie furent considérés comme » naturellement » bons. Mais au moment même des plus grands exploits américains, le désenchantement a rapidement succédé à l’euphorie.
Deux raisons principales expliquent ce retournement d’opinion : d’abord la puissance sans précédent de la science et de la technologie, l’ampleur toute nouvelle des risques liés à leur usage et donc la nécessité d’en contrôler les développements ; ensuite le désir du public d’acquérir lui-même un certain pouvoir de contrôle plutôt que de s’en remettre exclusivement aux experts, à la fois juges et parties.
Ainsi est-on passé du concept technocratique d’évaluation technologique à celui plus démocratique de maîtrise sociale de la technologie. Mais le problème reste entier : il s’agit en fait d’opérer un délicat arbitrage relevant par excellence du domaine politique entre le double impératif du risque et de la sécurité.
Maîtrise sociale de la technologie : l'enjeu démocratique
Cet article fait partie de la revue Futuribles n° 157, sept. 1991