La mondialisation n’est pas un phénomène nouveau mais elle a maintenant acquis une ampleur sans précédent, particulièrement manifeste dans les domaines économique et financier. En même temps, elle n’est pas vraiment universelle mais plutôt « asymétrique ». De ce fait, elle entraîne de profondes inégalités et s’accompagne d’un défi considérable : celui de la gouvernance dans, et de, l’interdépendance.
Les inégalités sont particulièrement saisissantes, affirme Kimon Valaskakis, d’une part entre les riches et les pauvres – inégalités d’autant plus choquantes que nous vivons dans l’opulence -, d’autre part entre les « inclus » et les exclus – la flexibilité à outrance induisant une fracture dangereuse .
Tout se passe donc comme si nous étions impuissants à gérer l’interdépendance, qu’il s’agisse, par exemple, de l’écosystème planétaire ou du cyberespace mondial.
Trois scénarios sont cependant esquissés par l’auteur pour illustrer les différents modes de régulation possibles :
– Le premier est aujourd’hui le plus probable. Il est caractérisé par le déclin des structures de régulation publique traditionnelles (l’État), l’essor d’entreprises transnationales apatrides et le développement d’une concurrence sans merci qui, à terme, est suicidaire.
– Le second serait caractérisé par la création de mécanismes et d’institutions de gouvernance à l’échelle planétaire. Mais, observe l’auteur, les institutions inter-gouvernementales forment une mosaïque peu cohérente et sont paralysées de l’intérieur.
– Le troisième scénario serait caractérisé par l’adoption de systèmes de gouvernance au niveau régional (supra-national), à une échelle économique et sociale pertinente (et sous réserve que ces régions se dotent d’un minimum de protection à l’encontre d’agressions extérieures).
Ce troisième scénario est celui qui permettrait le mieux de concilier le souhaitable et le possible. L’Union européenne pourrait le mettre en oeuvre et ainsi préfigurer la création d’espaces politiques régionaux qui, ensuite, négocieraient entre eux un nouvel ordre planétaire. Mais rien n’est joué, tout reste à faire.
H.J.
Mondialisation et gouvernance. Le défi de la régulation publique planétaire
Cet article fait partie de la revue Futuribles n° 230, avr. 1998