Le « Data Explorer » du Wittgenstein Center for Demography and Global Human Capital, partenariat entre diverses institutions autrichiennes, permet d’explorer et de visualiser des projections démographiques et de niveau d’éducation. C’est le résultat d’un exercice de projection de population mondiale, conduit par des chercheurs de différentes institutions autrichiennes, dont Wolfgang Lutz, démographe reconnu pour ses apports sur les méthodes de projections démographiques.
Les projections démarrent à 2010 et courent jusqu’à 2060, avec des extensions jusqu’à 2100. Elles couvrent tous les pays du monde (195 pays). Les variables démographiques classiques sont couvertes (population totale, ratios de dépendance, espérance de vie à la naissance…).
La nouveauté réside dans la production de projections de données sur l’éducation détaillées par âge et par pays (nombre moyen d’années de scolarisation par âge, répartition par niveau d’éducation atteint, différences hommes-femmes).
Sept scénarios sont proposés, qui varient selon le niveau de développement (rapide, moyen, arrêté, conventionnel) et le niveau d’éducation (taux d’inscription constant ou rapide). Un scénario explore également les effets d’un contexte de fortes inégalités.
Les résultats peuvent être visualisés en ligne sous forme de tableaux classiques ou de cartes et de pyramides. Pour exploiter les données, on peut les exporter au format CSV.
Plusieurs autres institutions produisent des projections démographiques à long terme, l’une des plus connues étant les World Population Prospects des Nations Unies, mise à jour tous les deux ans, et qui a récemment introduit une dimension probabiliste dans ses résultats.
Mais le travail lié au Data Explorer apporte deux innovations. D’abord, les hypothèses qui fondent les scénarios et les projections représentent la synthèse des recherches de plus de 500 experts, qui ont évalué la validité d’arguments alternatifs et validé les résultats finaux. Ensuite, rapprocher les données d’éducation des données démographiques permet, selon les chercheurs, d’ajouter à l’analyse démographique une « troisième dimension » de nature sociale (les dimensions traitées habituellement sont l’âge et le sexe).
Un exemple de résultat : les projections de population mondiale à 2050, variant entre 8,5 et 10 milliards d’habitants, sont similaires à celles de l’ONU (Organisation des Nations unies). Mais le Data Explorer met en lumière les effets du niveau de développement et d’éducation, là où les projections onusiennes font simplement varier les paramètres numériques.
