Gérard Donnadieu livre ici une analyse des origines et du développement du syndicalisme français, de la crise qu’il traverse et de ses évolutions possibles. Né dans un contexte de lutte des classes et progressivement amené à s’institutionnaliser, le syndicalisme traverse depuis vingt ans une crise majeure que révèlent :
– la chute des taux de syndicalisation ;
– l’effondrement de la représentativité des syndicats que l’on observe lors des élections aux comités d’entreprise et prud’homales ;
– la perte de contrôle des syndicats sur le corps social qui se manifeste par la baisse de la conflictualité et la montée des négociations locales et décentralisées échappant au contrôle des grandes centrales.
Partant d’une typologie mettant en évidence quatre types de syndicalisme auquel il associe quatre fonctions différentes, l’auteur montre que le paysage syndical français est aujourd’hui très éclaté et confus : encore dominé – principalement dans la fonction publique – par un « syndicalisme tribunicien » qui, prenant appui sur toutes les revendications, est condamné à s’atomiser ; plus enclin là à adopter une stratégie de coopération (notamment à la CFDT) avec, malgré tout, un succès mitigé.
En définitive, l’auteur esquisse cinq scénarios d’évolution possibles à long terme : celui du dépérissement avec tous les risques d’ingouvernabilité qu’il comporte en cas de crise sociale majeure ; celui du modèle tribunicien éclaté en de multiples organisations en fonction de chaque groupe catégoriel ; le troisième scénario (« découplage et institutionnalisation ») serait marqué par la transformation des syndicats en « agences sociales », le quatrième décrit ce que pourrait être un « syndicalisme d’entreprise » de type japonais ou allemand ; le dernier scénario prenant appui sur les nouvelles formes d’organisation et d’emploi esquisse quelle pourrait être la fonction des syndicats dans la société post-salariale.
H.J.
Où va le syndicalisme français ?
Cet article fait partie de la revue Futuribles n° 234, sept. 1998