Avec la crise économique et financière, d’une part, et l’instabilité régionale suscitée par le printemps arabe, au sud de la Méditerranée, d’autre part, l’Europe se trouve confrontée à un contexte géopolitique et économique particulièrement délicat. Malheureusement, comme le montre ici Jean-François Drevet, plus la situation est grave, moins les États membres de l’Union européenne se donnent les moyens d’y faire face solidairement et donc, moins ils ont de chances d’y parvenir.
En témoigne en particulier l’incapacité dans laquelle se trouve l’Union d’établir une structure de commandement unique pour gérer les opérations programmées dans le cadre de la politique de sécurité et de défense commune, un domaine qui fait pourtant consensus dans l’opinion publique des différents États membres. Alors qu’en théorie, l’Union dispose d’une base juridique adéquate en ce domaine, et des moyens politiques et techniques de la mettre en œuvre (via le haut représentant pour les Affaires étrangères et la Politique de sécurité), en pratique, les États membres continuent de raisonner au coup par coup selon leurs propres intérêts. De fait, l’Europe se trouve très démunie, pouvant difficilement se reposer indéfiniment sur l’Alliance atlantique pour assurer sa défense, et confrontée à un blocage majeur de la part du Royaume-Uni (dont la haute représentante censée incarner la politique extérieure commune est originaire…).
Au-delà des problèmes concrets de sécurité qu’une telle situation porte en germe, cette impasse est emblématique du fonctionnement actuel de l’Union, « dominée par les aléas d’une coopération intergouvernementale à géométrie variable » qui n’a toujours pas pris la mesure des défis actuels et à venir.
Politique extérieure : l’Europe impuissante
Cet article fait partie de la revue Futuribles n° 378, oct. 2011