Nicolas Greenwood Onuf, professeur à la School of International Service (Washington), publia en février 1984 dans la revue Futures, un article intitulé » Prometheus prostrate » (Prométhée prostré), dans lequel il reliait le débat actuel sur les cycles longs (cycles de Kondratiev) au débat suscité par le 1er rapport au club de Rome sur les limites de la croissance dans l’économie mondiale. Ces deux débats traduisent la volonté de comprendre et d’interpréter les tendances à long terme de l’économie mondiale et ont mobilisé tous ceux qui se préoccupent de prévision à long terme.
Dans cet article, Onuf soulignait que les travaux relatifs aux cycles longs ne se sont généralement pas insérés dans le débat sur la croissance, qui a marqué la décennie 70.
Christopher Freeman, qui a pris une part active dans ces deux débats, relève ici le défi en analysant le rôle que joue la technologie dans la croissance et les cycles à long terme.
Il examine d’abord les hypothèses explicites et implicites sur la technologie que renferment les modèles du MIT (Massachusetts Institute of Technology), en en dénonçant certaines insuffisances. Il aborde ensuite la question de l’influence de la technologie sur les cycles longs et affirme que les changements de paradigme technologique caractérisent chaque nouveau cycle de croissance. Les modèles du MIT ne prenant pas en compte ces changements, comportaient donc des hypothèses irréalistes sur la consommation future de matériaux et d’énergie. Enfin, sont analysés les effets des changements de paradigme sur l’emploi et les investissements, de même que les répercussions politiques et sociales de la révolution micro-électronique.
Prométhée désenchaîné
Cet article fait partie de la revue Futuribles n° 96, fév. 1986