Alors que le taux de chômage est repassé, fin février 2005, en France, au-dessus de la barre » symbolique » des 10 % de la population active et que l’explosion du coût du logement tend à renforcer chaque jour un peu plus la ségrégation sociale (et spatiale) du pays, l’heure est à l’inquiétude. Qu’en est-il, dans les faits, de la » fracture sociale » ? Les inégalités régressent-elles et dans quelle mesure ?
Comme le montre ici Louis Maurin, directeur de l’Observatoire des inégalités, il demeure toujours très difficile de répondre à cette question. Faute d’indicateurs suffisamment pertinents et complets, l’on ne mesure que partiellement l’évolution des revenus des Français – en particulier, une grande partie des revenus du patrimoine échappe à la mesure – et encore ne le fait-on qu’avec retard : les données disponibles en 2005 remontent pour certaines à neuf ans ! Malgré ces lacunes, en traitant les données existantes, il semble qu’au-delà des illusions d’optique, les inégalités de revenus tendent à se renforcer en France, de même que les inégalités en matière scolaire, facteur aggravant s’il en est.
À nouveau, comme on le dénonce régulièrement dans ces colonnes, la France pèche par manque d’instruments d’observation efficaces. Par conséquent, elle est incapable de tirer le signal d’alarme quand il le faudrait et, par suite, ne prend pas les mesures qui devraient s’imposer pour répondre aux problèmes de ses concitoyens. Si regain de vigueur des inégalités il y a, il ne faudra pas s’étonner, nous dit Louis Maurin, des conséquences qu’il pourrait avoir sur les rapports sociaux voire, à plus long terme, sur la démocratie française.
Que sait-on des inégalités en France ?
Cet article fait partie de la revue Futuribles n° 307, avr. 2005