Le gouvernement français a annoncé l’organisation en septembre 1997 d’une « conférence nationale sur les salaires, l’emploi et le temps de travail » dont un des objectifs principaux sera d’examiner comment mettre en oeuvre une réduction du temps de travail entraînant une répartition plus équitable de celui-ci au sein de la population active.
L’expérience des Pays-Bas en ce domaine est intéressante puisque leur taux de chômage est passé de 12 % à 6,5 % entre 1983 et 1996 alors que leur population active augmentait de 8,1 % tandis qu’en France, durant la même période, le chômage est passé de 8,3 % à 12,5 % et la population active n’a augmenté que de 2,9 %.
J.Y. Boulin et G. Cette montrent que si les Pays-Bas ont ainsi réalisé des performances bien supérieures à celles de la France, ce n’est point uniquement parce que la croissance économique a été plus forte et les gains de productivité moindres, mais essentiellement en raison d’une politique marquée par :
– une réduction du temps de travail et, simultanément, une augmentation très rapide du nombre d’emplois à temps partiel ;
– un effort de modération salariale important, le pouvoir d’achat des salariés ayant progressé de moins de 12 % de 1979 à 1996 (contre 8 % en France).
Les auteurs, dont on connaît la sympathie vis-à-vis de la RTT, montrent au demeurant que celle-ci n’a point consisté à répartir la pénurie mais a eu, au contraire, un effet d’entraînement vertueux sur l’économie.
Que les lecteurs soient ou non convaincus de l’efficacité de cette stratégie, ils observeront malgré tout que, confrontés à un environnement international identique, les économies nationales s’adaptent de manière fort différente. En d’autres termes, en dépit de la montée des interdépendances au niveau international, de véritables marges de manoeuvre demeurent au niveau national, la question étant de savoir quel usage en font alors les acteurs.
Réduire la durée du temps de travail : l'exemple des Pays-Bas
Cet article fait partie de la revue Futuribles n° 222, juil.-août 1997