» Visions du futur, une histoire des peurs et des espoirs de l’humanité » est le thème de l’exposition proposée par La Réunion des musées nationaux avec le soutien de Mission 2000 en France, qui se tiendra dans les galeries nationales du Grand Palais de Paris du 5 octobre 2000 au 1er janvier 2001.
Futuribles, qui propose régulièrement à ses lecteurs une rubrique » Futurs d’antan « , s’associe à cette exposition en présentant un cahier spécial » Représentations du futur « , sur quelques visions du futur exprimées à travers la création artistique, et illustrant ainsi la manière dont les hommes ont, à travers les âges, rêvé leur avenir.
Cinq auteurs nous livrent ainsi leurs réflexions.
– Tout d’abord, Zeev Gourarier nous montre comment l’attente d’un monde meilleur a suscité à la fois de nombreux rêves et de nombreuses controverses. Il classe les différentes visions du futur en trois grandes étapes : le millénarisme, l’utopisme et le contre-utopisme.
Première étape, la période médiévale, durant laquelle la recherche d’un bonheur imminent, a été marquée par le triomphe du Fils de Dieu représenté par l’Apocalypse. Exaltation eschatologique que l’on retrouvera dans l’Angleterre de Cromwell, alors qu’à partir du XVIe siècle, en France, l’espérance millénariste s’éloignera du religieux pour mettre en exergue l’action humaine, au point de voir, plus tard, en Louis XIV le triomphateur de l’Antéchrist.
Ensuite, deuxième étape, l’auteur décrit comment aux futurs à découvrir des millénaristes et des libertaires s’opposent les avenirs clos et uniformes des utopies de la modernité. Il appartient alors aux hommes de construire leur propre bonheur en appliquant certaines règles inspirées de l’Antiquité païenne allant jusqu’à l’uniformité parfaite. Ces cités idéales ou cités d’utopie des humanistes et savants de la Renaissance incarneront un monde meilleur.
Enfin, troisième étape, la prise de conscience de l’enfer de l’uniformité des cités idéales, symbolisé par la tour de Babel, qui vise à enfermer l’avenir dans un programme immuable. Un courant humaniste craint l’uniformité et la monotonie de l’utopie, et met en garde contre le pouvoir totalitaire et l’aliénation de l’individu au profit d’un idéal collectif.
– Ensuite, Patrick Prado, dans » Les utopies îliennes « , évoque les îles-paradis, lieux privilégiés des utopies ; paradis d’Arcadie ou d’Éden, l’humanité n’aura de cesse de retrouver les traces de ces paradis perdus et de les recréer en inventant, pour le bonheur de l’humanité, d’innombrables îles d’utopies. Très largement représentés à travers l’histoire, ces paradis insulaires ont servi de support pour un monde meilleur, symbolisant les modèles parfaits de politique, d’éthique et d’esthétique. Lieux privilégiés des visions d’avenir et des désirs de futur, l’imaginaire insulaire s’ouvrait sur un rêve d’éternité. Toutefois, si ces utopies îliennes, signes d’espérance, représentaient une issue devant les malheurs du monde alimentant les débats philosophique, religieux et métaphysique, elles laissaient aussi deviner des signes d’inquiétude.
– Puis, Sophie Makariou, avec » Les cristaux de roche fatimides « , nous invite à nous arrêter sur cette matière d’éternité, chargée de promesses de vie éternelle, qu’a été le cristal de roche, aussi bien pour l’Islam que pour la chrétienté d’Occident. En effet, ce quartz pur, très prisé aux IXe et Xe siècles par les empires islamiques d’Égypte, a donné naissance à un groupe d’objets gages d’une nouvelle vie après la mort, voire d’un monde meilleur chargé de promesses paradisiaques et de délices éternels.
– Quant à Dominique Ferriot, dans » L’avion d’Ader « , elle rend hommage à Clément Ader, en nous rappelant comment, à partir de l’observation de la chauve-souris, cet ingénieur est devenu l’inventeur des premiers engins volants à moteur, et concrétisa ainsi le rêve des hommes-oiseaux.
– Pour finir, Jean-Pierre Mercier, dans son texte » Science-fiction et bandes dessinées « , souligne le rôle de la science-
Représentations du futur
Futurs d'antan
1 octobre 2000
FERRIOT Dominique
GOURARIER Zeev
MAKARIOU Sophie
MERCIER Jean-Pierre
PRADO Patrick
20 pages
Cet article fait partie de la revue Futuribles n° 257, oct. 2000