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Second Continental Report on the Implementation of Agenda 2063

Analyse de rapport

UNION AFRICAINE, « Second Continental Report on the Implementation of Agenda 2063 », AUC (African Union Commission) / AUDA-NEPAD (African Union Development Agency-New Partnership for Africa’s Development) , février 2022, 154 p.

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L’Agenda 2063, lancé en 2013, est le plan de développement de l’Afrique (à l’échelle continentale) pour atteindre un développement socio-économique inclusif et durable en 50 ans. Il regroupe sept aspirations et vingt objectifs, divisés en domaines prioritaires sur les aspects économiques, commerciaux, sécuritaires, fiscaux, monétaires, sociaux (voir schéma). Et il est basé sur les idéaux du panafricanisme, parmi lesquels : union, autodépendance, lutte contre le colonialisme, indépendance politique. Le continent vise à réaliser cet Agenda 2063 via cinq plans décennaux. Le Second Continental Report on the Implementation of Agenda 2063 est le deuxième rapport au niveau continental portant sur la mise en œuvre du premier plan décennal de l’Agenda 2063. Il a été compilé par le Groupe de travail technique sur le suivi et l’évaluation, dirigé par l’Agence de développement de l’Union africaine (AUDA-NEPAD) et la Commission de l’Union africaine (CUA). Source de l’image : African Newspage. Le rapport fait donc le point sur les aspirations et leur concrétisation par rapport à des cibles envisagées pour la fin de l’année 2021, à travers le calcul de « scores de performance ». Les scores de performance correspondent à des analyses de variance sur trois données, soit la valeur de base (2013), la valeur cible (en 2021) et la valeur réelle en 2021. Les scores de performance par aspiration, objectif et domaine prioritaire sont calculés comme des agrégats des valeurs des indicateurs associés. Les analyses continentales agrégées au niveau des indicateurs sont des moyennes pondérées des données reçues des 38 États membres. Cette méthodologie comporte évidemment des limites puisque les données ne sont pas toujours disponibles ou de bonne qualité. Enfin, le dernier rapport date de 2019 et le manque de données a poussé certains pays à fournir des données déjà utilisées en 2019, ce qui ne permet pas d’apprécier réellement l’évolution des performances. Le rapport décline les évaluations de progression en analysant l’état d’avancement des 30 objectifs qui y sont associés. On apprend ainsi que le continent a fait des progrès significatifs dans la réalisation de l’aspiration 2, « Un continent intégré, uni politiquement et fondé sur l’idéal du panafricanisme et la vision de la renaissance de l’Afrique ». La bonne performance de 84 % est principalement due à la signature et la ratification de l’Accord de libre-échange continental africain (AfCFTA), signé en janvier 2021. En parallèle, l’Afrique a peu progressé en ce qui concerne l’aspiration 1, « Une Afrique prospère fondée sur une croissance inclusive et un développement durable », avec un score global de 37 % par rapport aux objectifs fixés pour 2021. Cela s’explique principalement par une baisse du produit intérieur brut (PIB) par habitant, qui passe de 3 170 dollars US en 2019 à 2 910 dollars US en 2021, et par des taux de chômage élevés. Il existe des disparités au niveau régional. L’Afrique de l’Est a enregistré la meilleure performance avec un score global de 52 % par rapport aux objectifs de 2021, suivie de l’Afrique australe qui a enregistré une performance globale de 50 %. La performance de l’Afrique de l’Ouest s’est établie à 45 %. L’Afrique centrale et l’Afrique du Nord ont enregistré un score global de 42 % et 39 %, respectivement. En Afrique de l’Est, cela s’explique en partie par la progression des performances au niveau des institutions et de la gouvernance (aspiration 3), alors que dans le reste du continent, celle-ci est presque inexistante. Le rapport fait aussi le bilan d’un certain nombre d’initiatives et de projets entrepris à l’échelle continentale dans le cadre de l’Agenda 2063. Cette partie témoigne de la diversité des projets interpays, allant de l’accord AfCFTA à un barrage entre Inga et Kinshasa, en passant par un « passeport africain ». Si certaines initiatives ont bien progressé comme l’AfCFTA, le Pan-African E-Network ou encore le marché unique du transport aérien africain (SAATM), d’autres projets phares ont peu avancé au cours des deux dernières années, en partie à cause de la pandémie de Covid-19, mais également en raison de la lenteur de la signature et de la ratification des protocoles relatifs à ces projets phares, de l’insuffisance des ressources financières et humaines, ainsi que de la faible appropriation nationale de l’Agenda 2063 dans les États membres de l’UA. La Covid a entraîné une hausse de la pression fiscale. Malgré les ressources supplémentaires engagées dans les systèmes de santé pour lutter contre la pandémie et ses conséquences, celle-ci a fait reculer plusieurs objectifs de performance en matière de santé et a accru la vulnérabilité des populations. Les mesures de confinement et de restriction ont poussé un certain nombre de personnes dans la pauvreté. Une étude de la Banque africaine de développement de 2021, citée dans le rapport, estime que 30 millions d’Africains ont basculé dans l’extrême pauvreté en 2020. La difficulté de réalisation des objectifs de l’Agenda 2063 repose sur le nombre et la variété d’acteurs à mobiliser : acteurs étatiques et non étatiques, organismes intergouvernementaux et interparlementaires sous-régionaux, organisations de la société civile… De plus, l’Agenda doit s’inscrire dans un cadre national, régional et continental, ainsi qu’à l’échelle mondiale au travers des objectifs de développement durable (ODD), du High 5 de la Banque africaine de développement [1] qui nécessitent une convergence des objectifs et des moyens… Pour faciliter cela, des gouvernements africains mettent en place des visions, comme l’Égypte qui a par exemple lancé la stratégie Egypt Vision 2030, accompagnée par la mise en place d’un Comité national de suivi de la mise en œuvre des ODD, rattaché au bureau du Premier ministre et composé de représentants de 17 ministères et entités publiques. Le mandat principal du Comité est de s’assurer que l’Égypte avance dans la bonne direction pour atteindre l’Agenda 2030 des Nations unies et l’Agenda 2063 de l’Afrique – mais compte tenu de la faiblesse des moyens dédiés à la mise en œuvre de ces agendas à l’échelle mondiale, les deux agendas peuvent se révéler concurrents du point de vue des financeurs. Enfin, ce rapport a été publié en février dernier, juste avant le déclenchement du conflit en Ukraine. Il ne tient donc pas compte des conséquences que pourrait avoir cette guerre sur la mise en œuvre de l’Agenda 2063 et des plans stratégiques associés.

[1] Cinq priorités que la BAD s’est assignées en 2016 pour dynamiser la transformation économique de l’Afrique : éclairer l’Afrique ; nourrir l’Afrique ; industrialiser l’Afrique ; intégrer l’Afrique et améliorer la qualité de vie des populations en Afrique.
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