Souvent qualifiée de » nain géopolitique « , l’Europe cherche toujours aujourd’hui à définir sa place sur la scène internationale. L’Union européenne, comme acteur international, a d’énormes atouts (les diplomaties des États membres, son rôle moteur dans l’aide au développement, sa maîtrise des enjeux du multilatéralisme…) et des faiblesses qui lui ont souvent été fatales (un manque de moyens sur le terrain et de volonté politique au sommet, des discordes entre les États membres, la lenteur de sa réaction…).
Le traumatisme majeur subi dans les années 1990 dans les Balkans, de Sarajevo à Pristina, a fait prendre conscience à tous que l’Europe ne pouvait se contenter du verbe nu sur la scène internationale. Pourtant, le concept de puissance met toujours mal à l’aise, à tel point que certains ont pu dire que l’Europe ne serait jamais qu’une » puissance civile » sur la scène mondiale. Comment parvenir à préserver les particularités de la vision européenne des relations internationales, fondée sur autre chose que le seul rapport de forces brut (ce qui a fait dire au néoconservateur Robert Kagan que l’Amérique venait de Mars et l’Europe de Vénus…) tout en rendant crédible l’Europe en tant qu’acteur de poids dans un monde poudrière ?
Une des voies à explorer est certainement dans la redéfinition des doctrines de sécurité et de défense, toujours trop marquées par des concepts territoriaux et interétatiques hérités de la guerre froide. L’idée de sécurité globale, ou de sécurité humaine, est une pierre à apporter à cet édifice doctrinal sans lequel l’Union européenne n’aura jamais les moyens de ses ambitions. Geneviève Schméder nous présente dans cet article l’apport en ce domaine d’un rapport remis à Javier Solana, haut représentant pour la Politique étrangère et de sécurité commune, par un groupe d’experts indépendants en septembre 2004.
" Sécurité humaine " : une nouvelle doctrine pour l'Europe
Cet article fait partie de la revue Futuribles n° 307, avr. 2005