La situation internationale de l’après-guerre froide nécessite un inventaire complet, car la plupart des repères anciens ont été bousculés depuis 1989, année de la chute du mur de Berlin. L’ouvrage de Pierre Lellouche, publié au début de l’année, occupe de ce point de vue le terrain géopolitique ; il contient une mine d’informations et constitue la plus précise photographie d’un monde en plaine effervescence. Il ressort de la lecture de ce livre que le » nouvel ordre mondial » proclamé dans les discours et attendu avec espoir a pour l’instant les apparences d’un vaste désordre international, et que l’accumulation, dans tous les domaines et sur toute la surface de globe, de difficultés impressionnantes apparaît comme un défi difficile à surmonter. Ce tour d’horizon ne fait donc aucune concession aux thèses optimistes sur le triomphe de la démocratie et la fin de l’Histoire (cf. Francis Fukuyama dans » Le dernier homme ou la fin de l’Histoire « ). Il peut paraître même un peu alarmiste et vouloir à tout prix déceler un risque de conflit derrière chaque situation transitoire d’un pays ou d’un peuple. En réalité, il a pour la partie descriptive l’objectivité du stratège, qui commence par comptabiliser les problèmes ou les sources potentielles de conflits.
Situation et perspectives géostratégiques mondiales. Réflexions sur l'ouvrage de P. Lellouche : " Le nouveau monde, de l'ordre de Yalta au désordre des nations ".
Cet article fait partie de la revue Futuribles n° 168, sept. 1992