Jean-Jacques Salomon nous livre ici une analyse critique de trois livres récents : ceux de François Caron, Les deux révolutions industrielles du XXe siècle (Paris : Albin Michel, 1997, 525p.), de Peter Kemp, L’irremplaçable. Une éthique de la technologie (Paris : Les Éditions du Cerf, 1997, 332p., traduit par Pierre Rusch) et de Bertrand Saint-Sernin, Entretiens nocturnes (sur la théorie des jeux, la poésie et le « nihilisme » chrétien) (Bruxelles : Le Cri et Jacques Darras, 1997, 240p. (in’hui hors série)).
S’appuyant sur les travaux de François Caron, il souligne particulièrement les liens d’interaction entre l’évolution des systèmes techniques et celle de l’environnement technico-économique, montrant en fait combien la technique construit le social et inversement. Pas toujours pour le bonheur des peuples et souvent au prix de dysfonctionnements et de dérives vis-à-vis desquels nous devons en permanence être vigilants.
Il montre cependant que, au-delà du principe de responsabilité, la réflexion éthique qui s’impose (Peter Kemp) n’est pas toujours à la hauteur des enjeux et que, au-delà des voeux pieux, s’impose une réflexion autrement plus profonde sur les dérives et menaces liées aux débordements de la technologie (Bertrand Saint-Sernin), et sur la vertu limitée des sciences dans la décision.
« Face au malaise que suscite un siècle livré tout autant à la déchéance de ses utopies qu’au triomphe de ses technologies », il montre finalement combien « la rationalisation des choix lyriques » souhaitée par Saint-Sernin est urgente.
H.J.
Sur les dérives de la raison technicienne. À propos de quelques livres récents
Cet article fait partie de la revue Futuribles n° 232, juin 1998