Télétopia. Nouvelles technologies et aménagement du territoire

La décennie 1980 a été marquée par une extraordinaire fascination vis-à-vis des progrès rapides des technologies de l’information et de la communication, et les immenses espoirs placés en elles pour proclamer  » la révolution de l’intelligence  » et l’avènement de la société post-industrielle.
Nulle part plus qu’au Japon le thème de la  » société d’information  » n’a fait couler autant d’encre, suscité autant de projets, donné lieu à autant d’investissements lesquels devaient tout à la fois bouleverser les modes de production et les styles de vie, les rapports des hommes à l’espace et au temps, permettre, entre autres, de résoudre les problèmes épineux résultant de la concentration urbaine et de la désertification rurale.
Tout naturellement, l’aménagement du territoire devait être parmi les principaux bénéficiaires de ces nouvelles technologies et innombrables furent les projets lancés, dès le début des années 1980, par les administrations et collectivités japonaises en vue de  » la création de villes de futur super-informatisées « .
Richard Piorunski nous fournit ici une description de ces projets et des raisons de leur prolifération. Il examine en particulier, au-delà de la gigantesque stratégie d’offre, quels facteurs ont convergé pour susciter l’espoir qu’ils pourraient résoudre les problèmes urbains, assurer la renaissance des collectivités locales, être en définitive l’instrument magique d’une politique de décentralisation et d’aménagement du territoire.
L’auteur souligne qu’il est assurément trop tôt pour dresser le bilan de ces projets mais note que, après beaucoup de retards ou d’échecs, on constate un reflux vers des attitudes plus prudentes et pragmatiques, ceci ne signifiant certainement pas pour autant que le rêve soit brisé et que les nouvelles technologies de l’information et de la communication seront à l’avenir sans effet sur le réaménagement du territoire et la résolution des problèmes liés à la concentration urbaine, au Japon comme ailleurs, dans les pays industrialisés comme dans ceux en développement, où le phénomène d’urbanisation galopante est des plus préoccupants.